Histoire et vérités Légende des Cinq anneaux

Qu’est-ce que le GOZOKU ?

Complot, Impératrice, et régence

Les Champions des Clans de la Grue, du Phénix et du Scorpion enlevèrent l’héritier de l’Empereur pour l’obliger à leur accorder certaines concessions politiques.

Lorsque l’Empereur mourut, ils installèrent l’héritier du trône, soumis à leur volonté. Ils ont ainsi régné pendant 2 siècles.

Par la suite, les Fils de l’Empereur ont tous été placés auprès des daimyö des trois clans nommés, jusqu’à qu’Yugozohime, la plus jeune de ses enfants, qui fut élevée au sein du clan du Akodo du Lion. A la mort de l’Empereur, elle défia son frère ainé en duel, le tua et devient la première impératrice de l’Empire. Elle se débarrassa de l’influence du Gozoku au sein du gouvernement. 

LA VERITE HISTORIQUE DU JAPON –

En réalité, aucune impératrice n’a été une duelliste par contre certaines ont conspiré. Shôtoku (8e s.) lutta auprès du moine Dôkyo contre son cousin, soutenu par les Fujiwara. Ce fut les forces de Shôtoku qui l’emportètent.

 Les Fujiwara ont toujours été les régents de l’Empereur, en cela ils sont très proches du Clan de la Grue. Dès le 9ème s., ils mariaient leurs filles aux Empereurs, jusqu’aux 11ème s. Chaque mère de l’Empereur était donc une Fujiwara, leur permettant d’assumer le rôle de régent.

Le Chevalier aux épines Jean-Philippe Jaworski

Illustration d’HOWARD PYLE pour The Story of King Arthur and His Knights

Récit du Vieux Royaume

1 LE TOURNOI DES PREUX – Chevalier du Vieux Royaume

Soupçonnée d’adultère, la duchesse Audéarde de Bromael a été jugée, répudiée et emprisonnée. Le champion qu’on l’a accussée d’avoir trop aimé, le chevalier AEdan de Vaumacel, lui a fait défaut au cours de son procès.

Mais voici qu’un an plus tard, le chevalier est de retour. Honni par les partisans de la ci-devant duchesse comme par ceux du duc Ganelon, le sire de Vaumacel prétend vouloir restaurer son honneur et celui de la dame.

Etrangement, il met toutefois plus de zèle à poursuivre les ravisseurs de jeunes gueux qu’à réparer sa faute.

Pendant ce temps, la cour ducale se divise ; les armes courtoises pourraient y être rapidement supplantées par les armes de guerre…

HISTOIRE DU VIEUX ROYAUME

Le ROYAUME de LEOMANCE

Dans les âges sombres, un jeune guerrier Léodegard apporta la paix en remportant de nombreuses victoires qui lui permirent de fonder le Royaume de Léomance. Il fonda l’Ordre Sacré, et son nom fut sanctifié et associé au culte reconnu, sous le nom du Resplendissant. Ses descendants divisèrent le Royaume en quatre provinces dont le Duché de Bromaël, à l’ouest, avec pour tâche de garder la frontière contre les clans d’Ouromage.

L’insurrection des princes marchands de la cité Ciudalia permit son indépendance suite à une guerre ouverte contre Léomance qui mit à fin à la lignée de Léodegard et entraîna la Guerre des Grands Vassaux.

La Guerre des Grand Vassaux fut celle des trois ducs des provinces et marqua l’effrondement de Léomance.

La Republique de Ciudalia et le duché de Bomael devinrent les deux principales puissances.

Le roman Le Chevalier aux épines se passe le Duché de BROMAEL. La difficile affirmation de l’autorité ducale face aux querelles féodales et aux raids ouromands rend la région peu sûre.

Nous sommes 10 ans après la Guerre du Duc GANELON contre la rebéllion du Comte ANGUSEL. Le Duc GANELON a repoussé le Comte d’Angusel.

Depuis, il règne une paix fragile car la guerre couve entre le duc de BROMAEL et le comte de KIMMARC.

AEDAN DE VAUMACEL

AEdan de Vaumacel s’est rangé du côté du Comte ANGUSEL. Il a « le visage émacié et rude, presque aussi buriné que le trogne des vilains ; mais ses cheveux bruns, quoique taillés assez court, s’agrémentent de jolies boucles. Des trempes grisonnantes ajoutaient un soupçon de sagesse à son expression mâle. »

Il est « vêtu d’un cotte-hardie (de velours, et d’une couleur éclatante) à collet (col) fourré de vair (fourrure d’écureuil) […] ». « Des chausses de cainsil (toile). »

AEdan de Vaumacel est accompagné de NAINE, son vieil écuyer et COEL, son jeune page écervelé.

AEdan est calomnié pour avoir porté les couleurs de la duchesse lors du tournoi de Gaudemas. Dame AUDEARDE, épouse du Duc GANELON, fut accusée d’adultère. AEDAN n’a pas répondu à la convocation ducale pour défendre la dame dont il a entaché la réputation.

Ses armoiries : épines sur champ de sable.

Yvorin de Quéant

Jeune chevalier du pays de Quéant, issu d’un petit lignage du comté de BELESTANCE. Son père est un vavasseur du comte ; il a rendu hommage au sire de Prangeray, qui tient lui-même son fief de son seigneur Dodinel. En d’autres termes, la Maison de Quéant dépend d’un des vassaux du Comte Dodinel, Seigneur de Belestance.

Seigneur Dodinel, COMTE DE BELESTANCE

Son fils se nomme Guinguamor.

La baronnerie de la Maison de Maginois est voisine du Comté de Belestance.

PRINCIPAUX PERSONNAGES

Duché de BROMAEL

Le Duc Ganelon

Il a rassemblé ses troupes contre les barbares de l’OUROMAGNE. Une escadre de galères envoyés par CIUADALIA mouille à Longomores et se tient prêt à appuyer son offensive par la côté. Il souhaite unir ses forces avec ANGUSEL réticent à plier devant son autorité. GANELON rêve d’une conquête de nouveaux états et propose à ANGUSEL de faire de sa marche frontalière le coeur.

Il a 4 ou 5 fils plus ou moins en droit d’hériter.

La Route de Carroel

La duchesse Audéarde de Bromael

Emprisonnée depuis 1 an dans le monastère de Mondoire, elle est néée Audéarde de Maginois

La nouvelle duchesse

le sénateur Rasicaire

BLANCANDIN

BLANCANDIN SANS ESCREIGNE, troisième fils du Duc Ganelon, sert l’Ordre Radieux dans la Principauté du Sacre.

C’est un Ordre de paladins. Mais il ne porte plus le manteau de l’Ordre, car il les sert plus, il a brisé ses voeux, et outrepassé les voeux de son père.

Son escorte se constitue de chevaliers en disgrâce depuis l’emprisonnement de la duchesse Audéarde de Bromael.

Le tournoi sera l’occasion de son entrée en chevalerie par son adoubement.

Méléagant, le seigneur de Vayre

Méléagant, fils aîné du Duc Ganelon, seigneur du Château de VAYRE

Sa femme AZALAÏS

il a pris le parti de sa mère, Audéarde.

Le CHÂTEAU de VAYRE est constitué d’une forteresse ducale, prolongée par les sortilèges de l’enchanteur CENNARGIN afin de tromper les âmes errantes de l’ARCHONTE INSANIAS.

LANVAL

Demi frère de BLANCADIN

DOMNAL FitzGanelon

Demi frère de BLANCADIN, dit le Grand Bâtard, Seigneur d’OUCHAIN

Il a constitué sa garde de mercenaires ouromands

AGURANDE

Les hautes terres dAGURANDE, sur les marches du Comté de KIMMARC, sont contrôlées par le seigneurie d’Ouchain et à présent le fief de Domnal, le Grand Bâtard, demi-frère de Blancandin, fils naturel du duc Ganelon. Ces terres ont été conquises par Ganelon au cours de la dernière guerre contre le comte Angusel.

On y trouve d’épaisses forêts et le château d’OUCHAIN.

RAINFROI DE TREFF,

Le Fief de TREFF

Le fief appartenait jadis au Royaume de Leomance. Il est aux portes du Comté de KIMMARC.

Le Château de TREFF

Seigneur : RAINFROI DE TREFF est un vassal du Duc Ganelon. Sa sagesse, sa ruse et sa bonhomie assure la paix depuis 10 ans sur son fief.

Le village de Chanevier est sur le fief du seigneur de Treff dans la vallée de l’Andounne.

BREGOR

Le Pays de Bregor

Le Château de Bregor

La baronne de Bregor a cherché un champion.

COMTE ANGUSEL

Seigneur d’une marche frontière, il défend la vallée de la KLEY. Il « se montre d’une impitoyable sauvagerie avec ses ennemis ouromands, qui l’admiraient, et d’une courtoisie sans faille avec la noblesse bromalloise, qui le redoutait ».

Il tient sa cour à Maurmarc. Vieillissant avec sa crinière blanche, empâté et la goute qui l’a rendu boiteux, il a conservé une carrure puissante acquises au cours de quarante ans de chevauchées et d’escarmouches. « capable à froid des pires cruautés comme d’une mansuétude calculée. »

Sa défaite contre Ganelon a été une cuisante humiliation, le contraignant à rendre hommage au Duc, lui faisant perdre ses terres de ?.

CLAUDAS DE KIMMARC, fils du Comte ANGUSEL

Combattant aguerri, « il n’hésite pas à pousser des opérations de représailles sur la rive gauche de la KLEY, a recruté des exilés ouromands parmi ses sergents, parle leur dialecte et provoque parfois la bonne société en portant des bijoux ou des armes barbares ; mais c’est également un seigneur instruit, et les mauvais langues le disent un peu frotté de magie ».

HISTORIQUE de BROMAEL

LES CLANS D’OUROMAGNE

Les clans se livrent une guerre fraticide depuis des siècles. KIMMARC est en première ligne devant l’OUROMAGNE. Ce sont des pillards.

Prudence, abbesse du Monastère de Mondoire

Mère supérieure à la tête du sanctuaire de Mondoire, dédié au culte de la Vieille Déesse.

SACRALIA

Maréchal, chapelain de l’Ordre. Les chevaliers du Sacre

Le chancelier Diaccécrimène

La maison de la Combe Noire

Le Château de la Combe Noire

Le Château de Traval

Seigneur- Hywel de Combe Noire

BROCHMAIL

ANNOETH, l’elfe, ménestrel

CYNNAREDD /OCANN

CYNNAREDD est un demi-elfe, maître en Magie Vive, chercant à s’initier à la Haute Magie auprès du clergé de la Vieille Déesse.

Il devient le chef du clan goblinoïde, les Uruk Maug, qui lui donne le nom orc d’OCANN et le surnomme « le Dévoreur ». Il découvre le temple abondonné du « dieu mort », le Désseché. Ce dernier lui offre un Empire s’il porte sa parole. Ocann rassemble les tribus sauvages des Monts Cruaid et marche sur l’Aeyellessee.

An 0, Après avoir abandonné la horde d’orc face à la résistance Naine, Occan prononce la Prédication d’Ocann.

PANTHEON LIE AUX SAISONS –

 la religion Cyclothéiste par un successeur de Léodegard, permettant la tolérance de tous les cultes, assurant l’unité et la paix, donnant une légitimité religieuse au Royaume de Léomance. 

Printemps : Déesse Douce (Anséa, face juvénile de la Vieille Déesse), Déesse tutélaire de l’enfance. Vénérée par les ELFES.

Eté : le Resplendissant (Léodegard) fondateur du Royaume de Léomance, et de sa capitale Chrysophée, et de l’Ordre Sacré, sa garde personnelle

Automne : La Vieille Déesse – Déesse de la sagesse, symbole : une chouette.  Oniromancie. Pratiquant de la Haute magie. Les pratiquants sont des Rêveurs ? Son porteur (son enveloppe ?) est une Pie, une religieuse : la mystagogue Prudence, révérende mère du sanctuaire de Mondoire.   

Hiver : le Desséché : Dieu de la Mort

Vocabulaire

Bachelier : jeune gentilhomme aspirant à devenir chevalier

Brisure : élément qui modifie un blason.

Cautèle : prudence rusée

Conroi : un corps de troupe

Haste :  fer de lance

Mâtin : gros chien de garde

Tenure : terre concédée

Tiercelet : Faucon mâle

Vocabulaire Equipement du chevalier

Cimier : ornement qui surmonte un casque ou un heaume.

Dossière : Partie du harnais posée sur le dos d’un cheval

Gambison : Vêtement fait d’étoffe rembourrée

Gorgerin : Partie inférieure d’un casque servant à protéger le cou.

Guiche : courroie de bouclier

Mézail : visière du casque

Pansière : Partie de l’armure qui embrasse la partie inférieure du corps

Spallière : pièce d’armure protégeant l’épaule

Tabard : Manteau court et ample porté sur l’armure

Troussequin : Partie postérieure relevée de l’arçon de la selle.

Ventail : Partie de la visière du heaume par où passe l’air.

CRITIQUE du roman

Avec Le Chevalier aux épines, Jaworski nous emmène à nouveau dans le Vieux Royaume, ce monde merveilleux de fantasy atypique. Apparu il y a bientôt .. ans chez l’atypique éditeur les Moutons électriques avec ce qui est devenu une référence, le recueil de nouvelles Janua Vera, il défend la littérature de l’imaginaire française en lui des lettres de noblesses avec une qualité stylistique rarement égalée.

Le jeune chevalier Yvorin de Quéant a été convaincu de défier Aedan de Vaumacel par la baronne de Bregor (suite logique de la nouvelle « le Service des Dames »), d’autant qu’il y a long à reprocher à notre preux chevalier Vaumacel.

La quête de l’amour est le coeur de ce nouveau roman, et la source de toutes les querelles. Chez ces des chevaliers, empreigné de littérature et contes courtois, la beauté du geste l’emporte sur la raison. Notre héros, AEdan de Vaumacel est enclin à suivre ses principes, ce qui lui complique sévèrement ll vie, d’autres plus pragmatiques font des calculs politique qui font aussi des ravages dans cette partie d’échec.

« La répudiation de la duchesse Audéarde est la grande affaire de ces dames. Il faut bien le comprendre.

Nous les entretenons si souvent du parfait amour ; nos romans rivalisent de romances ; nous leur donnons l’illusion de la soumission en acceptant leurs anneaux ou en leur offrant nos coeurs […]

Après qu’une dame d’aussi haut rang que la duchesse de Bromael a pu déchoir pour un peu de galanterie, elles se sentent toutes sur la sellette. […] Elles ne passent point une journée sans en rebattre les oreilles de leurs époux, de leurs frères, de leurs fils, de leurs amis.

La ruelle de ces dames fait le lit de la sédition. »

Car le chevalier peine souvent à pouvoir vivre son amour auprès de celle qu’il a élu, tant la société est cloisonnée.

On reprend le chemin de Carroel, pour explorer une partie inédite de son univers et pas à pas, du duché de Bromael, et ses familles de comtes et ducs ; nous sommes dans un paysage équivalent à celle de la France d’Hugues Capet – sous une loi salique, le partage du royaume entre les fils du roi, générateur de conflits, et le droit d’aînesse. La figure du chevalier s’impose à tous les niveaux dans la société.

Insistons sur la qualité du roman, la finesse du récit, ses subtilités, et l’intelligence que nous prêtre l’auteur pour en comprendre tous les indices cachés, ce jeu qu’il entretient avec nous, où il nous faut déméler les faux semblants et les allusions à ses oeuvrages passés. Mais précisons tout de même la persistance qu’il faut en tant que pour dénouer le noeud de l’intrigue du roman, avant de comprendre enfin dans quel sens va le fil. Le principal enjeu de ce premier tome : le tournoi et la contestation de la répudiation de la duchesse tarde à mis en vie, dans le 2ème tiers, mais c’est entre-temps tout l’univers médiéval du duché de Bromael que l’on visite, en commançant par les invisibles, les paysans qui font vivre ses terres. Jaworski prend son temps, nous fait sentir la vie à toutes les strates de la société ; et l’intrigue de Sire Vaumacel, chevalier solitaire, dépasse certainement toutes les considérations du pouvoir temporel.

Bien peu d’auteurs de fantasy autant de rigueur à vouloir s’inspirer de la réalité historique, comme pour le cycle des Rois du Monde, Jaworski a réussi à reconstituer comme personne (sauf peut-être le regretté Jean Teulé), ce qu’était vraiment la chevalerie. Le Tournoi des Preux porte bien son nom, et nous assistons à plus qu’une joute sur la lice. Tous aussi violent que la guerre, le faste qui l’entoure, cette guerre courtoise se prête aux coups fourrés.

Avant les joutes a lieu une grande mêlée où la capture s’ajoute à l’humiliation.

LE CULTE – chapitre 1 – une dystopie fantastique post-apocalyptique avec des portes-flingues, une peste et des nonnes en corset !

cimage_1572443_20210127_ob_f7ffe3_pexels-photo-5696534

PROLOGUE

La Croisade démarra à Saint Jean, le dernier jour de l’automne. Depuis la Grande Guerre, l’Empire des Hommes agonisait. La camionette noire, guidée par ses phares jaunes, traça son sillon au milieu de la foule houleuse. Sur ton toit, le gros coffre tangua, fixé sommairement, ses riches décorations cachées par le nuage de poussière soulevé par les grosses roues du véhicule. Les enfants de la La Femme Coyote contemplaient le désert, inquiéts. A l’horizon, l’onde de choc de la tempête arrivait sur eux. D’énormes vagues de vents soulevaient le paysage, couraient sur la route principale. Le Père Johannes remua ses larges membres à l’arrière de la camionnette, maudisant le chaos créé par la glaise suite à l’épisode de pluies violentes de la nuit dernière. Il fixa son reflet dans le rétroviseur. Ses cheveux épars glissaient le long de son visage suant

   – Que faisait-il ici ? se demande l’inquisiteur de l’Astre du Jour ou du Nouvel Aube, si ce n’est guidé ses enfants vers l’étreinte de son Maître.

1.

LE CULTE (2445)

   La Femme Coyote était apparu, trois mois auparavant, alors que de nouveaux cultes fleurissent à présent presque quotidiennement. Un autre prophète, encore. Ils diffusaient massivement leurs vidéos sur les réseaux. Rien ne pouvait les arrêter. Les gens croyaient, s’invectivaient, les villes s’embrasaient ; le voisin contre le voisin. Le choix de la Femme Coyote n’était pas dû au hasard. Saint Jean était en plein coeur d’une réserve. Les natifs y prospéraient, ravagés par le jeu et l’alcool. Le Père Johannes les entendait brailler son nom, jours et nuits. Leur campement était une infamie. Un amas de tentes et de tout ce qu’ils avaient pu transporter jusqu’ici de leurs taudis. Il avait devant lui maintenant le résultat de leurs efforts : une ville nomade, un gigantesque taudis mouvant. La Femme Coyote juché sur son pur-sang, se faisait suivre par une cohorte de leaders à cheval eux aussi. Il fallait avouer qu’elle savait jouer avec les symboles. Il devait y avoir ici plus d’indiens et de redneck à la ronde que de rats dans les quartiers les plus malfamés que sa regretté Nashville

   Les spasmes de son estomac cessèrent un instant. La route le rendait malade. Ses deux porte-flingues marchaient à l’extérieur, imposant un chemin parmi la multitude. Le sol, encore dur comme la pierre, avait abîmé leurs rutilantes bottes de cuir, et ils cuisaient dans leurs manteaux sous cette chaleur de plomb. Le Père Johannes ne s’était jamais senti aussi insignifiant, voir minuscule, dans ce monde. Mais cette prophétesse lui avait planté un couteau dans l’âme, un couteau pointu au milieu de ses convictions les plus ancrés. Il se sentait vide. Vide de tout pouvoir d’autorité, mais justement nulle ne devait le savoir. Encore moins les deux brutes qui lui servaient d’escortes ; qui sait ce qu’ils pourraient faire alors s’ils lui faisaient passer un de ces satanés tests psychologique – son instabilité paraîtrait claire. Ses nuits agitées, et ses mains le démontraitent déjà de manière trop évidente. Au lieu de fortifier son âme, cette mission, confiée par son maître, le Théogoniste de Nashville, allait le conduire à la défection. Son parti ne pourrait plus croire en lui de toute façon. L’état du Tennessee se concentrait sur l’essentiel pour maintenir sa place dans le nouvel Etats Confédérés d’Amérique, chassé les hérétiques, les possédés et les compositeurs de musique corruptrice, mais la tâche était immense et vaine. Des adorateurs d’Elvis s’étaient rassemblés en masse dans des faubourgs, disons-t-on. L’Empire des Sables n’était plus, écartelé, et l’empereur, le pantin des politiciens et des gafas. La grande guerre avait disloqué le monde en deux. Au nord, la Nouvelle Union, au sud les Nouveaux Confédérés, aucun des camps n’avait voulu trouvé de noms plus originaux. La planète, un désert brûlant sur lequel régnaient les discours apaisants des grands multinationales, et des millions de bouches affamées courbant l’échine devant les doctrines eschatologiques, dans l’espoir du pardon d’avoir souillé la terre jusqu’à sa quasi extinction.  

Les nonnes qui l’accompagnait, portaient soin aux blessés, aux égarés venus de tout bord. Selon leurs doctrines, elles ne faisaient aucune distinction. 

   –  » Soeur Nathalia !  » dit-il, en abaissant la vitre quand ils passèrent à sa hauteur, dans le convoi. Elle en avait creusé des trous depuis le début de la croisade. Il n’avait pu que noter sa dévotion.  

Son uniforme laissait saillir sans retenu sa poitrine dans son corset, ses traits anguleux fardés de blanc, lui donnait l’apparence de la vierge que tous ses patients à son chevet reconnaissaient comme celui d’un ange, agonisant de la peste jaune qui leur explosaient le visage de bubons grotesques.

Les dix milles enfants de la Femme Coyote produisaient en permanence des déchets et le lot de pollution et de malades qui les accompagnaient. 

   Les porteurs de cercueil qui accompagnait Nathalia levèrent la tête. 

« Un problème ? fit-il l’un d’eux, d’une voix juvenile. Il plissa des yeux, au milieu d’un visage au teint gris pâle, sous un stetson trop grand, aborant la croix sudiste. En principe, l’esclavage était encore illégal dans l’état, mais comme il ne se trouvait personne pour parler au nom des victimes, les marchands d’esclaves pullulaient autant que la peste, disaient certains. Et celui-ci devait faire partie du lot que la soeur avait racheté à bon prix la semaine dernière.

Il parlait avec l’accent typique de cette région, un hillbilly hâché et pâteux. Il ne devait pas avoir plus de quatorze ans et un bon quart de sang cherokee. 

« On m’appelle Père Johannes, quand on respecte sa hiérarchie, jeune homme. »

Il descendit de la camionette dans les roues s’embourbaient dans la glaise de plus en plus humide. Le vent fouetta sa robe brodée d’or. L’enfant battit en retraite et fit signe à ses compagnons de poser le cercueil au sol, parmi les autres étalés sur le sol.

  « J’ignorais que c’était vous, votre seigneurie »   

  Les portes-flingues du Père Johannes s’empressèrent de se positionner afin d’écarter la foule de curieux. Les dépossédés de la terre étaient curieux de leur véhicule luxueux depuis leur arrivée dans la croisade. Des visages hagards, mangés par la fatigue, d’enfants et de femmes faméliques, accompagnés d’hommes aux yeux creux qui dévisageaient l’envoyé de l’Astre Nouveau comme un extraterrestre. 

Nathalia s’approcha, le talon de ses bottes lacées jusqu’aux genoux, laissant des marques dans le sable rouge. Sa chevelure auréolait son visage, au milieu de torsade bouclés orangée.  

« Mon père ? » 

« Les soldats de la Femme Coyote ont témoigné de votre abgnégation, parmi eux. Achevant les mourrants et sauvant les faibles » dit-il en grattant les poils bruns de sa gorge. 

Le prêtre examina les cadavres dont les cercueils n’étaient pas encore fermés. La plupart montraient des signes inquiétants de décomposition dû à la maladie qui ravagaient la croisade. Une peste jaune sans pitié pour le rang et la fortune. 

   – « On enterre les leurs comme les nôtres chaque jours. Le nombre de représentants des servants de l’Empire diminue aussi. Je suis étonné de vous voir en vie, et plus encore vous risquez en dehors de votre véhicule privé ».

   Elle portait des runes de protections sur ses avant-bras et son visage aborait les marques de l’air et du feu, symboles puissants de l’Ordre. D’un coup de pied, elle bouscula les portes-cercueils qui s’assoupissaient, les remettant instantanément au travail. 

  – « La femme Coyote ramène de plus en plus fidèles de tous les Etats. Elle est puissante, et le sera encore plus dans les semaines à venir. » La sueur perlait sur son front. Johannes la regarda remplir à nouveau les tombes, en silence. 

   – « Elle a violé la paix secrète en rameutant des gens de tout bord. »

  – « Ce n’est pas comme si c’était la première fois que cela arrivait. Et cela arrivera encore.»

   – « Quelqu’un lui a-t-il appris les bonnes manières ? »

   – « J’ai donné à tous les pouilleux armés au moins d’un couteau, assez de blé pour se goinfrer des rats et des chats qu’ils prennent ici pour de la viandes, pour lui ouvrir la gorge de long en large. Mais ils préféraient crever que toucher à un de ces poils. Si elle les entraîne dans le désert c’est d’ailleurs ce qui risquent de leur arriver. »

   Le prêtre en robe doré carressa ses bagues. De grosses gouttes perlaient sur son front gras. Des nuages menaçant s’amoncellaient au-dessus d’eux, tâchant le sol crevasé et s’écrassant en flop assourdissant sur le toit de la camionette. 

   – « Il doit bien y avoir quelqu’un qui voit un peu plus loin que son nez dans toutes cette bande de bouseux mécréants. La Femme Coyote est une puissante chamane, je ne le nie pas. Et elle a été reconnu par le sien comme la réincarnation d’un grand esprit. Les éléments semblent lui obéir. Au Kentucky, il a été question de tornades : de bétails disparus, des maisons entières soulevées, et des villes ravagées. Son idée d’un pélerinage jusqu’au lac sacré des Huron est dangereuse. Qui sait combien de personnes pourrait-elle rassembler si tous craignent ses pouvoirs ? A chaque nouvelle villes croisées, elle les menace de les dévaster s’ils ne se joingent pas à elle. »

« Elle dit pourtant rechercher la paix, et n’exprimer que la colère des Dieux. Mais, n’oubliez pas, quel puissant chef n’a-t-il pas besoin de lieutenants pour mener une guerre sainte ? ».

   Johannes prit l’énorme exemplaire écorné de l’Aube Nouvelle, attaché à sa ceinture avec un rosaire, dont il se servait depuis des années. Il ne doutait pas de devenir le nouveau évangéliste de l’Amérique réunie, se comportant en véritable croisé malgré ses doutes. Depuis son arrivée, il y a deux mois à Saint Jean, il s’était épuisé à approcher les plus puissants chefs alliés de la chamane. Sans savoir comment il avait réussi à garder sa raison. Les rescapés des premières semaines de la croisade formaient une tribu à part. Le campement se formait en cercles autour de la hutte de la Femme Coyote, reconnaissable aux crânes d’animaux plantés à son sommet. Une tente de fortune qui passait pour un palais. Un cercle concentrique de violence s’était établi à partir de là, et plus on se rapprochait du centre, plus on avait affaire à des puissants ou des gens ayant des contacts. 

Johannes avait finalement entendu parler de celui qui l’avait reconnu comme guide spiriturel et sauveur de l’humanité. Un prêtre défroqué et sans envergure que l’exil avait rendu amère, le prêtre Rewis.

   Soeur Nathalai avait raison, mais il en avait trop entendu sur ce prêtre défroqué – et trop vu depuis les grandes routes désertes du Texas, des communuautés dévastées après son passage. Malgré ses craintes, il se rentra sur le siège arrière de la camionette, le coffre trônant sur le toit – gravé des symboles de son église le rassurait, s’il ne trouvait pas de solution, il pourrait toujours déclencher la fureur des dieux vengeurs qu’il contenait ; hymnes et foi sont toujours les solutions.    

Notre classement des séries ELFES et NAINS- Rapide tour d’horizon sur ces séries publiées – chez Soleil Editeur

Si vous hésitez à vous lancer dans ces deux séries foisonnantes proposant plus de 25 titres de fantasy épique et haut en couleur, on vous propose un rapide tour d’horizon. Elfes et Nains sont développés en parallèle en deux séries distinctes et diverses scénaristes et dessinateurs y travaillent assurant un rythme de parution effréné. Mais qu’en est-il de la qualité de l’œuvre ? Voilà un rapide survole de l’intégralité des séries et quelques explications pour vous guider dans cette œuvre importante

 – LES ELFES DES TERRES D’ARRAN –

Cinq peuples elfes coexistent dans un univers commun développé dans la série de bd ‘Elfes’. Les Elfes bleus sont liés à l’eau, les Elfes Sylvains eux sont liés à la nature, quant aux Elfes blancs, ils se considèrent comme les gardiens du monde et s’efforcent de garder ce qui doit un jour disparaître ; les Semi-Elfes sont des bannis et apatrides, les Elfes Noirs sont des tueurs froids et impitoyables.

UNE SAGA INÉGALE

Avec une diversité de point de vue pour aborder ces deux peuples majeurs que sont les Nains et les Elfes, on trouve aussi de grandes différences de talents d’écriture et de dessins. Il est temps de faire le point.

Le t. 01 consacré aux Elfes bleus écrit par Jean-Luc Istin a de quoi décevoir en reprenant tous les poncifs du genre et offre un début mou à la série.

Le t. 02 – ‘L’Honneur des Elfes Sylvains‘ écrit par le scénariste Nicolas Jarry de la saga Nains, celui-ci sauve justement un peu l’honneur.

Le t. 06 Elfes bleus continue l’exploration des Terres d’Arran vers le nord glacé avec un peu plus de réussite. Après la présentation des 5 peuples Elfes en 5 tomes, il entame véritablement la trame globale qui va traverser le reste de la série, ce qui fait de cette mission dans le Nodrëen une lecture indispensable pour la compréhension de la saga.

Le t.07 dédié aux Elfes Sylvains, Eliseii, pose avec la reine des Elfes Sylvains, l’alliance du peuple de la forêt de Duhann et des hommes de la cité-Etat d’Esyne contre les rois des Archipels. Cela reste classique mais un peu mieux amené mais l’impression globale reste la déception. Cette saga ambitieuse tient décidément difficilement ses promesses.

Le t.08 Elfes Blancs (- la Dernière Ombre ) se situe 500 ans avant l’aventure des ‘Elfes Bleus’ du t.1. On y retrouve les aventures de Fall, le chasseur de Dragon pour ce qui est jusqu’à présent le meilleur scénario de Peru sur cette série. Toujours un peu trop léger dans l’écriture de ses dialogues et la densité de son histoire, ce tome ravira les amateurs de bd enlevé et épique et sans temps mort. Commençant à donner de réelles explications sur ce qui a bouleversé le monde d’Arran il y a un 5 siècles, la saga Elfe progresse ici vers la qualité, malgré des tomes toujours aussi inégaux.

———————————————————————————————————————–

Le t.11 donne enfin à la saga toute son ampleur. La présence de la guest-star du nain Redwin* joue aussi pour beaucoup.

—————————————————————

Le t.12 nécessite la lecture du t. 11 et t.6 pour être parfaitement compris. Jarry redresse la barre avec ce tome au ton épique, nous faisant bien comprendre qu’il est désormais indispensable de lire tous les tomes dans l’ordre pour comprendre les subtilités de l’intrigue. On regrette toujours le nombre insuffisant de pages pour développer sa prose, et qu’il soit obligé d’employer un vocabulaire pauvre qui rabaisse le niveau de son récit, se calant sur le ton léger employé dans ce cycle voulu grand public.

Le t. 13 monte d’un cran la qualité et nous donne un peu plus d’estime pour cette saga. Le t. 14 montre que le travail de Corbeyran est bien en-dessous de ses confrères et on s’aperçoit qu’il nous sera toujours difficile de conseiller ou pas la lecture de cette longue série qui connaît des hauts et des bas.

 

MON CLASSEMENT ELFES

Elfes 1 Le Crystal des Elfes bleus         [ 2,5/5 ] Scénario : Istin

Elfes 2 L’Honneur des Elfes Sylvains  [ 3/5 ] Scénario : Jarry

Elfes 3 Elfe blanc, coeur noir                  [ 3/5 ] Scénario : Peru

Elfes 4 L’Élu des semi-Elfes                    [ 2/5 ] Scénario : Corbeyran

Elfes 5 La Dynastie des Elfes noirs       [ 2,7/5 ] Scénario : Hadrien

Elfes 6 La Mission des Elfes bleus        [ 2,8/5 ] Scénario : Istin

Elfes 7 Le Crystal des Elfes Sylvains    [ 2,5/5] Scénario : Jarry

Elfes 8 Elfe blanc, La Dernière Ombre   [ 3,5/5 ] Scénario : Peru

Elfes 9 Le Siège de Cadanla                     [ 2/5 ] Scénario : Corbeyran

Elfes 10 Elfe noir, coeur sombre              [ 2,6/5 ] Scénario : Hadrien

Elfes 11 Elfes, Kastennroc                         [ 3,8 /5 ] Scénario : Istin

Elfes 12 La Reine des Sylvains                 [ 3,4/ 5 ] Scénario : Jarry

Elfes 13 Elfe Blanc, Heureux le guerrier [ 3,8/5 ] Scénario : Peru

Elfes 14 Semi-Elfes, Le Jugement. de la  [ 2,1/5 ] Scénario : Corbeyran

Elfes 15 Elfes. Noir comme le sang           [ 3,3 /5 ] Scénario : Hadrien

Elfes 16 Rouge comme la lave                    [ 3,9/5 ] Scénario : Istin

Elfes 17 Le Sang noir des Sylvains           [  /   ]   Scénario : Jarry.

Les tomes étant relativement facile à lire de manière indépendantes, on peut établir une moyenne jugeant la qualité de chaque série pour se dédier à une seule série.

Moyennes par série elfes :

Elfes Bleus       (Istin) : 3,25 /5

Elfes Sylvains  (Jarry ) : 2,96 / 5

Elfes Blancs     (Peru)    : 3,4 /5

Elfes Noirs        (Hadrien) : 2,86 /5

Semi-Elfes        ( Corbeyran ) : 2 / 5

Meilleurs auteurs de la série Elfes :

Péru avec la série Elfes Blancs s’en sort bien mieux que les autres, avec des intrigues originales bien mieux ficelées.